<223>De son palais entendant nos clameurs,
Elle viendra pour essuyer nos pleurs. »
Au même instant, un chacun à sa guise
Et de prier et de se prosterner;
Et tant on fit, que, non sans s'étonner,
Elle arriva par un gros vent de bise,
Et lourdement prit place au milieu d'eux.
« Que vois-je ici? Dieu! quelle est ma surprise!
S'écria-t-elle. O Polonais fameux!
Pourquoi vous vois-je et craintifs et peureux?
Je veux qu'enfin le sort vous favorise,
Qu'à votre tête un guerrier valeureux
Écrase ici ces Russes orgueilleux.
J'ai des dévots, j'ai ce fameux Soubise,
Et cent héros adorés des Français,
Si renommés par tant de nobles traits :
Rossbach, Créfeld, font retentir leur gloire,
Et Vellinghause, et Minden, et cent lieux
Sont les témoins qui fondent leur mémoire,
Dont les échos s'élèvent jusqu'aux cieux. »
- Que dit-on là? quel affront! quelle injure!
Dit Pulawski. Mais Zaremba murmure,
Gronde tout bas, marmotte entre ses dents :
Point de Français ne veux pour commandant.
Mais Oginski, qui de loin tout écoute,
S'écrie en feu : « Saint Roch! quoi qu'il m'en coûte,
Je ne veux pas que les Français céans
Triomphent seuls de ces gueux dissidents
Et de ce roi que nous donna le Russe. »
Le fier orgueil, la colère et l'astuce
Couvrent son front d'une noble rougeur.
Mais la Sottise, encore un brin émue
Que ces brutaux l'eussent interrompue,
Reprit ainsi d'un ton de dictateur
Son beau discours tout rempli de chaleur,
Et dans un goût vraiment académique :
« O Polonais! ô race catholique!