<230>Quelques Picards têtus à toute outrance,
Des Béarnais venus de ces coteaux
Que la Garonne arrose de ses eaux.
Le plus mutin hardiment leur propose
De retourner aux lieux qu'ils ont quittés :
« Pour ces faquins faudra-t-il qu'on s'expose?
Sans nous comprendre ils nous ont écoutés. »
C'était l'avis de monsieur de Malose.
Dervieux d'abord l'approuve et l'applaudit;
Il ajouta : « Dans cette infâme terre,
Où nous n'avons ni filles, ni crédit,
Que ces marauds s'échinent à la guerre,
Car chez ces gueux tout me choque et m'aigrit.
Allons plutôt aux lieux où le derviche,
Criant Allah! rassemble son bercail;
D'honneurs pour nous le Turc ne sera chiche,
Et nous aurons chacun notre sérail. »
Ces fous allaient cheminer vers la Thrace,
Légèrement chargés de leur besace,
Si par bonheur monsieur de Vioménil,
Sachant comment le diable les tracasse,
N'eût à temps su prévenir le péril.
Tandis qu'en feu leur mentor les gourmande,
Hors de Landskron était rumeur fort grande.
Le towargis, le pacholeka qui fuit
Augmente encor le tumulte et le bruit.
Comme en automne on voit le lièvre agile,
Transi d'effroi, se sauver de la dent
D'un lévrier qui le suit en jappant;
Dans un taillis il trouve son asile,
Et sauve ainsi ses jours en se cachant :
De même alors, plein de peur puérile,
Le Polonais, à courir plus habile,
N'était plus vu de son fier poursuivant.


a C'est-à-dire le noble et le valet.