<231>C'est Branicki, dont la troupe royale
A joint Düring, Bibikow et Drewitz;
Ils font sonner tous trois d'un même avis
Des durs combats la fanfare infernale.
Tous nos Français, prompts, vifs, impétueux,
Sont transportés d'une ardeur martiale,
Courent partout chercher un Bucéphale,
Un genet propre à combattre sous eux.
L'un trouve un âne, un autre une haridelle;
Le temps est court, les moments précieux;
On prend sans choix l'animal, on le selle,
Monte dessus, galope par les prés,
Suivi de près par les confédérés.
Le towargis et le brutal pancerne
A contre-cœur suit les bouillants Français.
Quand Drewitz vit ce gros de Polonais :
Ce sont, dit-il, des lièvres que je berne.
Il fait lâcher quelqu'un de ses canons,
Et la terreur se met dans nos félons.
Braves guerriers, un boulet vous consterne.
Le bruit tonnant du salpêtre enfermé
Qui sort d'un tube et s'exploite enflammé
A tout Polaque était antipathique,
Mais plus encor quand les échos des monts,
En répétant cette horrible musique,
La redoublaient par leurs lugubres sons.
Le Vioménil vainement les rassure;
C'en était fait, la louange ou l'injure
Ne pouvaient plus dès lors les retenir.
Nos aigrefins criaient outre mesure :
Marchons au Russe, il faut le prévenir!
Mais loin d'agir, d'avancer par l'attaque,
Pour s'éloigner manœuvrait le Polaque;
Ses escadrons, ses rangs sont éclaircis.
De ce moment profita le Cosaque,
Il les chargea se sauvant tout transis.