<233>Leur désarroi l'adoucit, le console
Du sort cruel dont son cœur se désole;
De son malheur il a des compagnons :
Pauvres humains, voilà de vos raisons!
Revers d'autrui l'élèvent, le soutiennent;
Le cœur et l'ire aussitôt lui reviennent,
Et derechef sous les drapeaux de Mars
Il veut combattre et tenter les hasards.
« Venez, venez, dit-il, braves pancernes,
Vous, towargis, vous, guerriers subalternes,
Aux champs d'honneur le premier des Césars
Dirigera votre ardeur carnassière. »
On suit ses pas, mais c'est en gémissant.
Devant Landskron un gros tas de poussière,
En tourbillon jusqu'aux cieux s'élevant,
Parut de loin une troupe guerrière
Qui bien en ordre avançait lentement.
Donnons dessus, nous aurons la victoire!
Crie Oginski. Mais qui pourra le croire?
Ces ennemis, c'étaient de gros moutons
Que des marchands, voisins de ces cantons,
Menaient pour vendre à la prochaine foire.
Nos Polonais, sans faire de façons,
Tombent dessus, et vous tournent en fuite
Ce beau troupeau, font prisonniers l'élite,
Et tout gaîment s'en retournent chez eux,
En ce grand jour au moins victorieux.
Mais Oginski laissait pendre l'oreille;
Il sentait trop en ce moment fâcheux
Que ce beau coup n'était grande merveille.
De ces revers, qu'à Rome on apprenait,
L'Église en corps pleurait et s'affligeait.
« Ce n'est assez que l'encyclopédiste,
Le philosophe incrédule ou déiste,
Sapant nos murs, ait pu les ébranler,
Et que jadis Luther en fît crouler