<269>S'il est poli, vous faire une part juste
D'un beau tendron, peut-être un brin usé.
Mais vous, grand roi, mais vous, mon prince auguste,
Si vous aimez, c'est pour être amusé.
Un délicat n'est point censé robuste;
Vous, vigoureux, et familiarisé
A des catins de l'espèce commune,
Allez, partez, et vous ferez fortune :
Quand on est roi, l'on n'est point refusé.
Pour saint Louis, chargé de le conduire,
Fut stupéfait de son rôle nouveau.
Qu'était-il donc? Honnête maquereau.
Tout preux guerrier n'en aurait fait que rire;
Le saint craignait que la grâce en défaut
Et ce métier ne pût un jour lui nuire.
Sa niche encor lui tenait fort à cœur,
Et les sermons prêches à son honneur,
Quoiqu'il ne fût ni vierge ni martyre.
Ni plus ni moins, ils brossaient les forêts.
Le Roi disait : Je n'aurais cru jamais
Que, mort, je pusse encenser des attraits
Qui dans le monde auraient pu me séduire.
Le saint répond, le cœur tout bouffi d'ire :
Tout est ici dans le relâchement;
Minos languit, le bon vieillard radote.
J'en suis contrit, mon âme si dévote
Désirerait un juge violent,
Sévère, et fait pour juger les coupables.
Le Roi repart : Vous êtes bien méchant.
Pourquoi punir des faiblesses aimables?
Si l'on voulait punir à la rigueur,
Ces lieux bientôt, changés, méconnaissables,
N'offriraient plus qu'un séjour plein d'horreur,
Un endroit triste, un grand désert aride,
Tout dépeuplé, sauvage, en un mot, vide;
Car où trouver tant de mortels parfaits?
Vous, cher saint, mort avant qu'on m'ait vu naître,