<272>Arabe ou juif, j'en ai bu toute honte.
Je cherche ici de l'or qui vient d'Ophir;
Je suis retors, je le gagne à bon compte,
Je risque tout afin d'en acquérir.
Bernard.
Pour les trésors mon amour est extrême.
Mais vous, mon roi, que cherchez-vous ici,
Chez Salomon? Vous parmi le vulgaire!
Un fait pareil, tout extraordinaire,
Mérite bien que j'en sois éclairci.
Je viens chercher, chez ce roi qu'on vénère,
Pour mes plaisirs une douce commère,
Bref, en un mot, pour mon amusement,
Une catin de son Vieux Testament.
Louis.
Ne vois-tu pas que ces pouilleux de juifs,
Dans notre monde errants et fugitifs,
Dans celui-ci sont gens qu'on considère?
Le Roi d'eux seuls paraît être occupé.
Je vais ici me morfondre à rien faire;
C'est mon destin, ou je suis bien trompé.
Ne craignez point, mon roi, telle aventure,
Et vous serez reçu, je vous le jure.
Sur quoi Bernard, en élevant la voix,
Cria tout haut : Écoutez, grands et rois!