<293>les noces d'un courtisan, et on fera encore les promesses d'un duc et pair à la même cérémonie. Je suis venu simplement pour te faire mes excuses.

LE MARQUIS.

Je suis bien mortifié que je n'aie eu le plaisir de te posséder de toute la journée. Il y a deux heures que je t'attends ici, dans la maison de mon oncle. Si je n'ai point eu l'avantage flatteur de jouir de ta présence le matin, donne-moi au moins la soirée.

VERVILLE.

Je le ferais de grand cœur; mais je dois assister à cinq ou six contrats de mariage qui se signeront ce soir en différents endroits, et ce sont des choses que l'on ne saurait refuser.

LE MARQUIS, à part.

Cinq ou six contrats de mariage! ... cela est beaucoup. (à Verville.) Et d'où vient cette passion pour le mariage à tant de personnes à la fois?

VERVILLE.

Il n'est nul pays et nul endroit où l'on se marie aussi jeune qu'à Paris. Il y a presque une indécence à la cour d'avoir dix-huit ans et de n'être pas encore père.

LE MARQUIS, à part.

Belair ne m'a pas cependant encore parlé de cette mode. (à Verville, avec un air empressé.) Tout le monde se marie donc si jeune à la cour?

VERVILLE.

Oui, il n'y a rien de plus constant; c'est la mode. Une femme est censée le premier meuble d'une maison, et c'est un meuble indispensable pour quiconque veut tenir état.

LE MARQUIS.

Ah! (à part.) Je n'y tiens plus; il faut que je me marie.