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VII. POËME ADRESSÉ AU SIEUR ANTOINE PESNE.a

Quel spectacle étonnant vient de frapper mes yeux!
Oui, Pesne, ton pinceau te place au rang des dieux;
Tout respire, tout rit, tout plaît en ta peinture,
Ton savoir et ton art surpassent la nature,
Et du fond du tableau tes ombres font sortir
L'objet que de clarté ta main sut revêtir.
Tel est l'effet de l'art, tels en sont les prestiges;
Tes dessins, tes portraits sont autant de prodiges.
Quand d'un vaillant héros,b des peuples estimé,
Tu nous traces les traits et les yeux animés,
On le voit plein de feu, tel qu'entouré de gloire,
Jadis dans les combats il fixait la victoire.
Quand de la jeune Iris,c brillante de santé,
Tu nous montres l'image et la rare beauté,
Je sens pour tes couleurs tout ce qu'à mon jeune âge
Des grâces, des beautés inspire l'assemblage.
Mais ton pinceau s'élève ainsi que ton sujet,


a Voyez t. I, p. 262; t. VI, p. 250; et t. VII, p. 38 et 39.

b Le prince Léopold d'Anhalt-Dessau.

c Le Roi veut parler de mademoiselle Élisabeth-Dorothée-Julienne de Walmoden, dame d'atour de la femme de Frédéric, qui épousa, au mois d'octobre 1740, le major et adjudant de Buddenbrock.