SCÈNE VI.
POSTHUME, LENTULUS.
POSTHUME.Ah! laisse-moi, ami, me livrer à toute ma rage.
LENTULUS.Oui, livre-toi à la vengeance; mais que ton épée soit guidée par la raison. Se venger ne suffit pas; il faut que la vengeance soit éclatante.
POSTHUME.Puis-je écouter la raison quand il s'agit d'Octavie, qu'un usurpateur barbare et cruel m'enlève? Il a proscrit son père, son frère; il a répandu le sang de nos citoyens, ravi la dignité au sénat, la liberté à la république. Non content de tous ces crimes, ce monstre m'enlève mon amante.
AIR.
Dans les déserts de la stérile Libye, dans les eaux du Nil venimeux, dans les cavernes affreuses de la Sicile, il n'y a pas de monstre pareil à celui qui m'enlève mon amante. Il faut dans son sang venger mon offense.
LENTULUS.Ami, je ne t'abandonne pas dans le trouble où tu es. Mais ne désespère pas; viens, attroupons des amis, prenons des mesures dignes des Brutus. Tu te serais perdu en attaquant les vétérans; ce n'est pas d'eux qu'il faut te venger, mais du dictateur.
AIR.
Après les plus sombres nuages succèdent les rayons du soleil; après l'orage le beau temps. Il ne faut pas trop se flatter, mais il ne faut pas désespérer.