<413>De ce peuple qui m'environne
Je prétends séduire les cœurs.
Je ne suis point né pour dépendre;
L'ambition me fait la loi.
Pour l'espoir de devenir roi,
Érox, il faut tout entreprendre.

SCÈNE II.

La scène représente l'appartement de Mérope.

MÉROPE, EURYCLÈS, ISMÉNIE.a

MÉROPE.

Quoi! l'univers se tait sur le destin d'Égisthe!
Je n'entends que trop bien ce silence si triste.
Aux frontières d'Élide enfin n'a-t-on rien su?

EURYCLÈS.

Madame, on vous amène un jeune homme inconnu,
Pris au bord de la mer, de qui la main sanglante
D'un meurtre encor récent paraissait dégouttante.

MÉROPE.

Ah, ciel! un meurtrier! Voilà le coup mortel;
Tout sert à déchirer ce cœur trop maternel.
Il a tué mon fils, la voix de la nature
En secret contre lui dans mon âme murmure.
Les chemins, je le sais, de brigands infestés,
Du barbare tyran servent les cruautés;
Mon fils aura péri, c'est là ce qui m'afflige.
Mais quel est l'inconnu? Répondez-moi, vous dis-je.

EURYCLÈS.

C'est un de ces mortels du sort abandonnés,
Nourris dans la bassesse, aux travaux condamnés;
Un malheureux sans nom, si l'on croit l'apparence.

MÉROPE.

N'importe, quel qu'il soit, qu'il vienne en ma présence.
Mon cœur a tout à craindre, et rien à négliger.
Qu'il vienne, je le veux, je veux l'interroger.


a L. c. acte II, scène I.