<416>Quel est donc, m'ont-ils dit, le dessein qui te guide?
Et quels vœux formes-tu pour la race d'Alcide?
L'un et l'autre à ces mots ont levé le poignard.
Le ciel m'a secouru dans ce triste hasard :
Cette main du plus jeune a puni la furie;
Percé de coups, madame, il est tombé sans vie;
L'autre a fui lâchement, tel qu'un vil assassin.
Vos soldats m'ont saisi, de mon sort incertain;
Ils m'ont nommé Mérope, et j'ai rendu les armes.

EURYCLÈS.

Eh! madame, d'où vient que vous versez des larmes?

MÉROPE.

Te le dirai-je? hélas! tandis qu'il m'a parlé,
Sa voix m'attendrissait, tout mon cœur s'est troublé.
Cresphonte, ô ciel!... j'ai cru ... que j'en rougis de honte!
Oui, j'ai cru démêler quelques traits de Cresphonte.
Les dieux ont sur son front imprimé la candeur;
Il n'a rien d'un barbare, et rien d'un imposteur.
Demeurez. En quel lieu le ciel vous fit-il naître?

ÉGISTHE.

En Élide.

MÉROPE.

Qu'entends-je! en Élide! Ah! peut-être ...
Sans doute que Narbas, qu'Égisthe t'est connu.

ÉGISTHE.

Aucun de ces deux noms jusqu'à moi n'est venu.
Ma mère a nom Sirris, Polyclète est mon père.

MÉROPE.

Quel rang occupent-ils? Sont-ils dans la misère?

ÉGISTHE.

Sous ses rustiques toits mon père vertueux
Fait le bien, suit les lois, et ne craint que les dieux.

MÉROPE.

Chaque mot qu'il me dit est plein de nouveaux charmes.
Pourquoi donc le quitter? pourquoi causer ses larmes?
Sans doute il est affreux d'être privé d'un fils.