<421>Mais ce bras à l'instant m'arrachera la vie.
On ne me verra point rougir sous l'infamie.
Que les dieux à leur gré témoignent leur courroux;
Je puis venger mon fils et venger mon époux;
Mais je ne joindrai point, dans ces jours sanguinaires,
Les flambeaux de l'hymen aux flambeaux funéraires.
Moi, vivre! moi, lever mes regards éperdus
Vers ce ciel outragé que mon fils ne voit plus!
Le sort en est jeté; mon âme plus rassise
Prévoit tous les dangers, les brave, les méprise.

AIR.

Quand on a fait naufrage,
Quand on n'a plus d'espoir,
La vie est un outrage,
Et la mort un devoir.
Je vois mon diadème
Sur un front étranger,
Je perds un fils que j'aime;
Qu'aurais-je à ménager?

SCÈNE IX.

La scène représente une grande place; à côté, l'entrée d'un temple, un mausolée.

NARBAS, seul.a

O douleur! ô regrets! ô vieillesse pesante!
Je n'ai pu retenir cette fougue imprudente,
Cette ardeur d'un héros, ce courage emporté,
S'indignant dans mes bras de son obscurité.
Je reviens sans Égisthe; il est péri peut-être.
De quel front aborder la mère de mon maître?
Dieux! cachez mon retour à ses yeux pénétrants;
Dieux! dérobez Égisthe au fer de ses tyrans.
Aucun de mes amis ne parait à ma vue.
Je vois près d'un tombeau une foule éperdue.

AIR.

O vieillard malheureux!
Je sens qu'en moi le trouble,
Dans ces lieux odieux,


a L. c. acte III, scène I.