<428>Vous-même, disiez-vous, deviez percer son sein;
Mais, prête à le punir, vous changez de dessein.
Je vois que c'est à moi de hâter ses supplices.

MÉROPE.

Mais si ce meurtrier, seigneur, a des complices;
Si je pouvais par lui reconnaître le bras,
Le bras dont mon époux a reçu le trépas ....
Ceux dont la rage impie a massacré le père
Poursuivront à jamais et le fils, et la mère.
Si l'on pouvait ....

POLYPHONTE.

C'est là ce que je veux savoir;
Et déjà le coupable est mis en mon pouvoir.

MÉROPE.

Ah, barbare! ... A moi seule il fallait le remettre.
Ah! rendez-le-moi .... Vous me l'avez fait promettre.

(à part.)

O mon sang! ô mon fils! ...

POLYPHONTE.

Ce visage interdit
Pourrait de quelque ombrage alarmer mon esprit.
D'un déplaisir nouveau votre âme semble émue.
Qu'a donc dit ce vieillard que l'on cache à ma vue?

MÉROPE.

Ah! seigneur, de mon fils rendez-moi l'assassin.

POLYPHONTE.

Tout son sang, s'il le faut, va couler sous ma main.

AIR.

Oui, j'embrasse votre défense;
Et pour calmer votre douleur,
Tout ce que vous dit la vengeance
Se fait ressentir dans mon cœur.
Venez partager ma puissance,
Aux autels signez mon bonheur.

(Polyphonte part.)