<435>Depuis longtemps je brûle
De signaler mon cœur.

TOUS DEUX.

Dieu, prends notre défense,
Protége l'innocence.

POLYPHONTE.

Eh bien, vous le voulez? L'inconnu que je vois
Paraît digne à mes yeux d'être du sang des rois.
Mais une vérité d'une telle importance
N'est pas de ces secrets qu'on croit sans évidence.
Je le prends sous ma garde, il m'est déjà remis;
Et s'il est né de vous, je l'adopte pour fils.

ÉGISTHE.

Vous, m'adopter?

MÉROPE.

Hélas!

POLYPHONTE.

Réglez sa destinée.
Vous achetiez sa mort avec mon hymenée;
La vengeance à ce point a pu vous captiver;
L'amour fera-t-il moins, quand il faut le sauver?

MÉROPE.

Quoi, barbare!

POLYPHONTE.

Madame, il y va de sa vie.
Votre âme en sa faveur serait-elle endurcie?

AIR.

Pensez qu'un mot de votre bouche
Pour jamais décide son sort;
Pensez qu'un seul refus farouche
Prononce l'arrêt de sa mort.
Un mot ou le sauve, ou l'opprime;
Son être en vos mains est commis.
Ou bien je l'adopte pour fils,
Madame, ou bien c'est ma victime.