<5>Quand j'étudie, et que j'espère
Avoir gravé dans mon esprit
Ce que la paix, ce que la guerre
De plus remarquable produit,
Je cherche en vain dans ma mémoire,
Je ne retrouve plus l'histoire
Que je savais ce même instant;
Et, tel qu'un sillon peu durable
Qui se voit tracé sur le sable
Est effacé du moindre vent,
Tu fais périr sans différence
Le scélérat, l'homme de bien,
Et le mérite et la puissance
Contre toi ne servent de rien.
Ah! que notre grandeur est vaine!
Voyez, on méconnaît Eugène :
Il vient de subir le trépas;
Son monument, ses funérailles
Et tant de fameuses batailles
De l'oubli ne le sauvent pas.
L'amant se plaint que sa maîtresse
Le quitte avec légèreté,
Et qu'Alcidon, qu'elle caresse,
A triomphé de sa fierté.
C'est toi qui causes ce parjure;
Il en gémit, il en murmure,
Et pour mieux se venger de toi,
Il termine sa longue absence,
Chasse l'oubli par sa présence,
Et remet Chloris sous sa loi.
Mais si tu causes des alarmes,
Tu nous délivres de nos maux,
Car nos chagrins, que tu désarmes,
Cèdent la place au doux repos;