<64>La jouissance nous enchante!
Ma foi, le plaisir de jouir,
Le tendre amour est préférable
Au plaisir sec de réfléchir;
L'homme est plutôt fait pour sentir
Que fait pour être raisonnable.
Heureux qui sait des préjugés
Renverser l'antique barrière,
Qui de ces fantômes forgés
Méprise l'absurde colère,
Et qui, sans craindre l'Achéron,
Ni Tisiphone, ni Cerbère,
Professe une vertu sincère,
Qu'il tire de son propre fond!
Ainsi, conservant l'âme pure,
Suivez la pente des plaisirs,
Suivez l'instinct de la nature;
Mais sachez borner vos désirs.
Heureux disciple d'Épicure,
Jouissez de la volupté;
Mais fuyez la morale impure
Que prêche un cynique effronté.
Tantôt soupirant pour Claudine,
Et tantôt brûlant pour Chloris,
Laissez vieillir entre les ris
Votre âme légère et badine.
Federic.
Voici une instruction pastorale que j'adresse à une de mes ouailles de Remusberg. Si la morale ne vous en paraît pas toute divine, vous la trouverez du moins fort sortable avec l'humanité. On me traiterait de profane et d'impie, si l'on savait que j'ai dit qu'il est encore problématique si la chasteté est une vertu ou non; que l'équité et l'humanité sont les seules vertus; et que ce ne doit point être les craintes d'un enfer, des démons et de je ne sais quelles billevesées qui doivent nous inspirer l'amour de la vertu.