XV. ÉPITRE A MYLORD BALTIMORE, SUR LA LIBERTÉ.
L'esprit libre, mylord, qui règne en Angleterre,
Qu'on abhorre à Berlin, mais qu'à Londre on révère,
Qu'arma la vérité de sa mâle vigueur,
Pour abattre à ses pieds l'imposture et l'erreur,
Cet esprit généreux, dont l'ardeur vous enflamme,
De vos progrès puissants est le principe et l'âme.
Sans lui, Londre, aujourd'hui libre de ses tyrans,
Languirait sous le joug de préjugés puissants.
Asile des beaux-arts, temple de la science,
Dans vos murs profanés par l'absurde ignorance
Vous auriez vu fleurir un Claude,8 un Mongéron,9
Au lieu d'un sage Lock, d'un immortel Newton.
Tous les siècles fameux, nos illustres modèles,
Des progrès de l'esprit époques immortelles.
Ont vu l'homme pensant, d'un génie indompté.
S'élancer hardiment jusqu'à la vérité.
8 Prêtre de Charenton qui a beaucoup écrit sur la dispute de la grâce. [Mort à la Haye en 1687.]
9 Janséniste fameux qui fut arrêté à Paris pour avoir présenté un placet très-libre au Roi.