<9>Et lorsque la mort dévorante
D'un coup de sa faux désolante
Vient de moissonner nos beaux jours,
Ce n'est point sa fureur cruelle,
Mais c'est ta bonté paternelle
Qui de nos maux finit le cours.
Oui, l'homme, composé d'argile,
Doué d'organes et de sens,
Est de nature trop fragile
Pour devenir vainqueur du temps.
Le feu de sa frêle jeunesse
Ou les glaces de sa vieillesse
Toujours précipitent ses pas;
Telle qu'une vapeur légère,
Son existence passagère
Se perd dans l'ombre du trépas.
Ah! quand mon âme appesantie
Subirait la loi de son corps,
Et descendrait anéantie
Dans le sombre empire des morts,
Grand Dieu, ta clémence infinie
Dans aucun sens ne se dénie;
En me condamnant à périr,
Ta bonté se fera connaître.
Est-ce un malheur de ne point être?
Ah! qui n'est plus ne peut souffrir.
Mais si mon âme, en sa durée,
D'Atropos trompe le ciseau,
Et que sa substance épurée
Survive à l'horreur du tombeau,
Cet avenir est plein de charmes,
Je sens des plaisirs sans alarmes,
Je vois un Dieu plein de bonté,
Un Dieu qui, dans sa grâce utile,