I. SERMON SUR LE JOUR DU JUGEMENT.
Mes chers auditeurs,
Si jamais je me suis présenté devant vous pour vous annoncer des paroles de salut et de paix; si jamais je me suis acquitté des devoirs de mon saint ministère; si enfin j'ai jamais mérité de m'attirer votre attention : c'est par les matières importantes dont j'ai à vous entretenir aujourd'hui, matières dont dépend, non pas l'agrément d'une vie passagère, non pas la satisfaction d'un vain orgueil ou d'un bas intérêt, bâtiments que la fortune élève par caprice, et détruit par légèreté, mais d'un bien permanent et éternel, sur lequel l'envie n'a point de prise, contre lequel les cabales et les intrigues ne sauraient prévaloir, et que les puissances et les dominations, quelque étendu que soit leur pouvoir, ne sauraient altérer, ni diminuer, ni ravir.
O Dieu! daigne accorder à mes paroles toute l'efficace nécessaire pour frapper, pour toucher, pour pénétrer les cœurs de mes auditeurs; que ma langue, annonçant ta parole, soit comme un glaive tranchant qui coupe les malheureuses racines que le péché a prises dans leurs âmes; qu'attirant les esprits des uns par les liens de ta miséricorde infinie, j'atterre les autres par l'horreur des terribles châtiments dont ta justice punit ceux qui transgressent tes saintes lois.