<117>voyant ce sépulcre. Que la foi de l'homme pieux qui nous a causé tant de larmes vous serve de modèle. Renoncez à votre superbe raison qui vous égare, et adoptez la simplicité de cœur de ce régénéré, qui le sauve, de ce saint qui se piquait de ne rien comprendre et de croire pourtant. Vous, chrétiens endurcis, qui êtes entraînés par le torrent impétueux du siècle, méditez la mort d'un juste qui a résisté à des tentations passagères pour jouir à présent d'un bonheur durable. Vous qui courez la même carrière que celui dont je vous ai tracé les vertus, que son exemple vous anime à imiter tant d'éminentes qualités qu'il a possédées; sachez et retenez bien que l'on peut se distinguer dans toutes les conditions, que ce ne fut pas parmi les riches que l'Homme-Dieu choisit ceux qu'il daigna associer à ses saints travaux, mais parmi la lie du peuple hébreu. Et vous, sa famille éplorée, séchez vos larmes, et ne souillez point par vos regrets outrés la gloire de celui qui est assis à présent à la droite du Père, entre le Fils et le Saint-Esprit; suivez ces exemples dont vous avez été les témoins, et préparez-vous par une vie sainte et toute chrétienne à le rejoindre lorsque votre heure sera venue. Pour moi, messieurs, qui ai satisfait au triste devoir dont j'ai été chargé, après vous avoir fait l'éloge des plus rares vertus, mais de ce qui était vrai, manifeste, et connu de tout le monde, vous ne me reverrez plus dans cette chaire consacrer cette voix à vous rappeler le souvenir de ceux que vous aurez perdus. Loin de profaner mon saint ministère à vous représenter un mérite feint et des qualités supposées, renfermé dans la sphère de mon sacerdoce, et vouant le reste de mes forces défaillantes au troupeau qui m'est confié, je me bornerai à l'emploi d'atterrer les uns par les menaces terribles des vengeances divines, et de consoler les autres par des paroles de paix et de miséricorde, pour pouvoir, lorsqu'à mon tour la mort viendra me frapper, me présenter devant le tribunal de mon juge, et lui dire : Seigneur, me voici avec ceux que tu m'as confiés.a
a Évangile selon saint Jean, chap. XVII, v. 11 et 12.