<185>mes fils bien-aimés, les évêques de Pologne, de ces excréments de l'enfer, de ces hérétiques endurcis, ces dissidents exécrables, qu'il faudrait extirper de la terre, ainsi que leurs protecteurs les Russes schismatiques, qui ont l'effronterie de ne pas faire procéder le Saint-Esprit ainsi que l'Église a trouvé bon d'en décider. Nous haïssons d'une haine sainte et sacrée tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Sans doute que votre grand prophète était dans de pareilles dispositions, et que s'il avait connu nos ennemis, il les aurait bravement précipités du haut de son pont aigua dans les abîmes. Ah! notre cher cousin, si nous entendons bien nos intérêts, nous qui sommes du métier, nous nous unirons à présent plus étroitement que jamais, pour nous soutenir par nos efforts communs, et pour établir réciproquement notre autorité. C'est entre nos mains que le glaive est commis, la cause de Dieu est la nôtre, ou, si vous le voulez, notre cause est celle de Dieu; il est beau de venger un Dieu tout-puissant. Moi qui suis son vicaire, et vous qui êtes je ne sais quoi, nous le représentons chacun dans les terres où la coutume, l'opinion et le crédit nous font dominer. Tâchons, nous d'être bons musulmans, et vous d'être bons catholiques, pour unir nos forces contre ceux qui nous déplaisent, ou qui, lassés d'un joug qu'ils ont porté longtemps, veulent le secouer. L'obéissance aveugle dégénère en esprit de rébellion; une raison impie ose examiner témérairement ce qu'elle devrait adorer avec simplicité; et pour comble de malheurs, les hommes osent penser par eux-mêmes, au lieu qu'au bon temps ils ne pensaient que selon nos ordres sacrés. Vous, ô généreux mufti! vous avez à combattre le grand schisme d'Omar et des sectes nouvelles qui, semblables à l'hydre, élèvent leurs têtes renaissantes contre le Coran de votre grand prophète. Nous avons des fils séditieux qui nous persécutent, qui nous ont rendus sourds pour ne les point en-tendre, et muets pour ne leur point répondre. Si nous sommes unis, vous soutiendrez nos excommunications par vos braves janissaires, et de notre saint-siége nous fulminerons l'anathème contre vos orna-ristes. Veuille le
a Voyez ci-dessus, p. 32.