<194>filles, et noirci par des calomnies atroces qui que ce soit à notre cour; mais qu'il s'est toujours tenu à une conduite qui convient à un galant homme, ne faisant qu'un usage honnête de l'industrie et des talents avec lesquels le ciel l'a fait naître, imitant le but de la comédie, qui est de corriger le ridicule du public en le badinant, suivant les conseils de Boerhaave sur l'article de la sobriété, poussant la charité chrétienne assez loin pour faire pratiquer aux puissants cette leçon de l'Évangile, qu'il est plus heureux de donner que de recevoir,a possédant parfaitement les anecdotes de nos châteaux et surtout de nos meubles usés, se rendant nécessaire par son mérite auprès des personnes qui le connaissent, et, avec un esprit fort mauvais, ayant un cœur fort bon. Ledit baron n'a, de plus, jamais irrité notre colère qu'à une occasion, lorsque sa lascive impureté, passant par-dessus toutes les choses respectables, voulait profaner d'une manière impie le tombeau de nos ancêtres.b Mais comme dans le plus beau pays il y a des contrées arides, que les plus beaux corps ont leurs imperfections, les tableaux des plus grands maîtres leurs défauts, nous voulons couvrir du voile de l'oubli ceux dudit baron, et lui accordons à regret le congé qu'il nous demande; voulons de plus abolir sa charge,a pour en ôter la mémoire du souvenir d'homme, ne jugeant pas qu'aucun, après ledit baron, soit digne de la remplir.
Fait à Potsdam, ce 1er d'avril 1744.
(L. S.)
Federic.
G.-A. comte de Gotter.
a Actes des Apôtres, chap. XX, v. 35.
b Allusion à un passage des Nouveaux Mémoires du baron de Pöllnitz, de l'an 1737, t. I, p. 6, passage que le Roi critique aussi dans les Mémoires de Brandebourg, où il dit, au commencement de la vie de Frédéric III : « On osa soupçonner l'Électrice (Dorothée) d'avoir tenté de se défaire par le poison de son beau-fils. » Voyez t. I, p. 112.
a La charge de grand maître des cérémonies resta en effet abolie depuis la retraite du baron de Pöllnitz jusqu'en 1824.