<61>mercenaire des fureurs d'un envieux. Non, monsieur, nous rendons tous à notre président le tribut d'admiration qu'on doit à sa science et à son caractère; nous osons même nous l'approprier, nous le revendiquons à la France. Il jouit chez nous pendant sa vie de la gloire qu'Homère eut longtemps après sa mort : les villes de Berlin et de Saint-Malo se disputent laquelle des deux est sa véritable patrie; nous regardons son mérite comme le nôtre, sa science comme donnant la plus grande splendeur à notre Académie, ses travaux comme des ouvrages dont toute l'utilité nous revient, sa réputation comme celle du corps, et son caractère comme le modèle de celui d'un honnête homme et d'un véritable philosophe. Voilà les sentiments de l'Académie en corps. Voici le langage de l'imposture.
Le soi-disant académicien anonyme dit que M. de Maupertuis ferait par ses mauvais procédés déserter tous nos académiciens, s'ils n'étaient soutenus par la protection du Roi. Autant de mots, autant de faussetés. C'est un fait connu de tout le royaume et de toute l'Allemagne que nos plus célèbres académiciens ont été attirés ici par les soins de M. de Maupertuis; qu'il est l'économe de nos revenus, le distributeur des places vacantes, le dispensateur des gratifications, le protecteur des talents, et que, dans toutes ces différentes parties de son administration, il a constamment montré du désintéressement, un esprit d'ordre dans la régie de nos finances, du discernement dans le choix des personnes pour remplir les places vacantes, de l'équité dans la distribution des pensions et des prix, un attachement sincère à la gloire de l'Académie, de l'amitié et de la fidélité à chacun de nous en particulier, et une protection toujours ouverte pour ceux qui en avaient besoin; de sorte que, loin d'avoir sujet de nous plaindre de lui, nous lui sommes redevables, pour la plupart, de nos places, de ses instructions, de ses conseils, de ses lumières et de son exemple.
L'auteur du libelle contre M. de Maupertuis est sans doute très-mal instruit de ce qui se passe dans notre Académie et de l'esprit qui l'anime. Nous n'avons jamais eu de querelles, parce que nous n'avons point donné entrée à l'esprit de parti; lorsque nos opinions sont différentes, cela ne nous conduit qu'aux disser-