<63>Maupertuis, par ses ouvrages en tout genre, a contribué plus qu'aucun de nous autres aux mémoires que nous faisons paraître tous les ans? Qui ignore ou fait semblant d'ignorer que M. de Maupertuis est admiré de tous les savants qui ont lu ses ouvrages, aimé et estimé de nous autres, chéri de tous ceux qui vivent avec lui, distingué à la cour, et favorisé du Roi plus qu'aucun autre savant?
Je ne plains pas notre président; il a de commun avec tous les grands hommes d'avoir été envié, et d'avoir réduit ses ennemis à inventer contre lui des absurdités. Mais je plains ces malheureux écrivains qui s'abandonnent insensément à leurs passions, et que leur méchanceté aveugle au point de trahir en même temps leur frivolité, leur scélératesse et leur ignorance.
Mais quel temps pensez-vous, monsieur, que ces gens ont pris pour attaquer notre président? Vous croyez sans doute qu'en braves champions, ils l'ont provoqué au combat pour se battre à armes égales? Non, monsieur; apprenez à connaître la lâcheté et l'indignité de leur caractère. Ils savent, et c'est un deuil pour nous, que M. de Maupertuis est depuis six mois attaqué de la poitrine, qu'il crache le sang, qu'il a de fréquentes suffocations, que sa faiblesse l'empêche de travailler, qu'il est plus près de la mort que de la vie, que les larmes d'une épouse qui le chérit et les regrets de tous les gens de bien l'attendrissent : voilà le moment qu'ils choisissent pour lui plonger, selon qu'ils le croient, le poignard dans le cœur. A-t-on jamais vu une action plus malicieuse, plus lâche, plus infâme? A-t-on jamais ouï parler d'un brigandage plus affreux? Quoi! un homme de lettres illustre, dont les paroles n'ont jamais blessé personne, dont la plume a même respecté ses ennemis, lorsqu'il est prêt à rendre les derniers soupirs, et qu'il ne lui reste, ainsi qu'à tous les gens de bien, que la consolation de laisser après lui une réputation bien établie, apprend qu'on l'attaque, qu'on le persécute, qu'on le calomnie! On voudrait le conduire au tombeau avec la douleur et le désespoir d'être spectateur, à son dernier moment, de sa flétrissure et de son opprobre! On voudrait lui entendre dire : A quoi m'a servi cette vie pure et sans tache que j'ai menée, à quoi m'ont servi ces veilles laborieuses que je dévouais au public, mes tra-