Réponse du baron de Zopenbrug, ministre d'État de Sa Majesté Prussienne, au comte Rinonchetti, premier sénateur de la république de Santo-Marino.
Monsieur,
Dès que j'eus reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, j'en ai fait mon rapport à Sa Majesté. Vous pouvez être persuadé, monsieur, que tout le monde condamne ici hautement les particuliers qui, par leurs écrits, osent offenser les souverains. Depuis le pape et l'Empereur jusqu'à l'évêque de Constance et au prince de Zipentzerbst,a il n'est aucun souverain que le public ne doive respecter; qu'il soit puissant ou faible, allié ou ennemi, cela n'y fait rien, et la bienséance exige qu'en faisant mention d'eux, ce soit toujours dans des termes convenables. Les grands princes s'honorent dans leurs semblables; s'ils souffrent chez eux qu'un particulier insulte une autre puissance, c'est oublier ce qu'ils se doivent à eux-mêmes. Depuis un certain temps l'abus de la presse a été poussé jusqu'au scandale; des particuliers ont eu à se plaindre de la méchanceté des auteurs, et il y a eu plus d'une puissance qui a été offensée par ces sortes de gens qui compilent des nouvelles pour vivre, qui débitent plus de mensonges que de vérités, et qui s'érigent en Arétins de notre siècle. Mais, monsieur, personne n'ajoute foi aux choses qu'ils débitent, et à force d'en imposer grossièrement au public, ils ont décrédité leurs nouvelles. On n'a pas attendu que votre sérénissime république ait porté ses justes plaintes des nouvelles clandestines qui se sont débitées ici; on a d'abord interdit l'ouvrage, avec une défense sévère à l'auteur d'écrire sans permission. Je me flatte que la magnanimité de votre sérénissime république se contentera de ce châtiment; défendre de parler à un babillard ou défendre d'écrire à un cerveau brûlé, c'est la plus grande puni-
a Probablement Zippel-Zerbst.