<XXX>Il est fait mention plusieurs fois du portrait original dans la correspondance de Voltaire. Le 12 juin 1735, il écrit à Thieriot : « Qu'est-ce que c'est qu'un portrait de moi en quatre pages, qui a couru? Quel est le barbouilleur? Envoyez-moi cette enseigne à bière. » Il lui écrit quelques jours plus tard : « Je vous remercie du barbouillage que vous m'avez envoyé sous le nom de mon portrait. » Le 4 août 1735, il écrit à M. Berger : « J'ai vu le portrait qu'on a fait de moi. Il n'est pas, je crois, ressemblant. J'ai beaucoup plus de défauts qu'on ne m'en reproche dans cet ouvrage, et je n'ai pas les talents qu'on m'y attribue; mais je suis bien certain que je ne mérite point les reproches d'insensibilité et d'avarice que l'on me fait. » Enfin, il écrit à Thieriot, au mois d'août 1735 : « Tout le monde attribue le portrait au jeune comte de Charost. J'ai bien de la peine à croire qu'un jeune seigneur qui ne m'a jamais vu ait pu faire cette satire; mais le nom de M. de Charost, qu'on met à la tête de ce petit écrit, me confirme dans le soupçon où j'étais que l'ouvrage est d'un jeune abbé de la Mare, qui doit entrer auprès de M. de Charost. C'est un jeune poëte fort vif et peu sage. Je lui ai fait tous les plaisirs qui ont dépendu de moi; je l'ai reçu de mon mieux, et j'avais même chargé Demoulin de lui donner des secours essentiels. Si c'est lui qui m'a déchiré, il doit être au rang des gens de lettres ingrats. »

Nous donnons le Portrait fait par le Roi, tel qu'il se trouve dans les Œuvres posthumes, édition de Bâle.

XXXI. LETTRE DU ROI, AU NOM D'UNE JOLIE GRISETTE, AU COMTE DE SCHWERIN, COLONEL DES GENDARMES, EN LUI ENVOYANT UN MAGOT DE PORCE LAINE QUI ÉTAIT UNE CARICATURE DU COMTE.

Le colonel Frédéric-Albert comte de Schwerin, dont il a été question dans les Poésies éparses, t. XIV, p. X et XI, eut, à ce que raconte M. de Catt dans ses Mémoires (manuscrits), une intrigue galante à Nossen, pendant les quartiers d'hiver. Cette histoire vint aux oreilles du Roi, qui fit faire la caricature du comte sous la forme d'un petit magot de porcelaine; puis il écrivit la facétie qui nous occupe, et la fit copier par une femme. Il envoya enfin le tout au colonel, le 30 avril 1761.