<114>flattent de survivre à la destruction de votre corps; et je vous dirai naturellement que je crois que la sagesse du Créateur nous a donné une raison pour nous servir dans les différentes circonstances de la vie où nous ne pourrions subsister sans elle, et qu'il est aussi peu contraire à la justice de Dieu de nous anéantir après la mort (car, étant anéantis, il ne nous fait aucun mal) que de permettre l'entrée du péché dans le monde.
Vous avancez une chose, dans la suite de vos réflexions, qui pourrait fournir à des personnes plus habiles que moi des armes bien fortes pour vous combattre : c'est en ce que vous dites la matière divisible à l'infini. Si vous posez cela pour principe, vous pouvez compter que l'on vous prouvera d'une manière indubitable le contraire de votre proposition.
Je lis à présent la Métaphysique du plus fameux philosophe de nos jours, du savant Wolff, dont le principe fondamental de l'existence et de l'immortalité de l'âme est fondé sur des êtres indivisibles. Il dit (et je crains fort que son argument perdra infiniment de sa force, passant par mes mains, mais vous pouvez aller puiser à la source) que, divisant la matière tant que l'on voudra, à la fin on trouvera un point indivisible; mais divisez-le encore par un effort d'imagination, enfin il sera entièrement indivisible, sans quoi vous ne diviseriez pas, mais vous dissoudriez. Alors il dit : Tous ces êtres indivisibles ont été créés à la ibis par un seul acte de la volonté de Dieu. Mon âme est un être indivisible; or, ayant été créée à la fois et par un seul acte de la volonté de Dieu, et n'ayant par conséquent aucunes parties qui puissent se séparer, elle ne saurait être anéantie que par un seul acte de sa volonté. Ensuite il dit que la matière et tout corps est composé d'êtres indivisibles, mais différents de celui-là; et quand ces êtres indivisibles se séparent, c'est ce que nous appelons corruption; mais que ces choses indivisibles, bien loin de s'anéantir, ne font que changer de forme et de figure.
C'est par les lumières de ce nouveau flambeau que j'espère d'avoir une certitude d'une vérité dont j'entrevois déjà la clarté. Je vous ai des obligations infinies de la manière circonspecte dont vous parlez de M. de Voltaire; et vous honorez votre ministère en entrant dans la pratique d'un de ses caractères les plus essen-