<116>peut faillir, et se croire parfait est le superlatif de la folie. Mais, d'un autre côté, un excès de modestie peut dégénérer en timidité, et c'est un venin contre lequel je crois devoir vous donner l'antidote. Si le suffrage de personnes d'un certain caractère peut vous en préserver, vous pouvez entièrement compter sur le mien, ayant dès mes jeunes ans eu un penchant insurmontable pour le bon et pour le beau, qui m'a déterminé en votre faveur dès les premiers discours que je vous ai entendu prononcer. Je suis dans les mêmes sentiments où j'étais alors, et je ne crois pas avoir eu lieu d'en changer. Mais si le dernier sermon que je vous ai entendu prononcer n'était pas de la force des précédents, vous m'en donnez de très-bonnes raisons; et j'avoue que je connais par moi-même que l'esprit de l'homme n'est pas toujours dans une égale assiette. Parvenu au point où vous êtes, il est impossible d'entasser merveilles sur merveilles.

Mais, puisque vous me parlez si franchement dans votre lettre, je croirais pécher contre les lois de la sincérité, si je ne vous disais pas naturellement mon sentiment. J'avoue qu'il y avait une conclusion dans votre sermon que je n'ai pas bien comprise, et qui, je crois, aurait besoin de commentaire pour la rendre claire et nette. Vous parliez du fanatisme qui aurait pu déterminer les apôtres à adhérer à la mission du Sauveur; et, si je ne me trompe, vous vous serviez de cette expression : « Qui dit que les apôtres ont été des fanatiques est fanatique lui-même. » L'autorité que vous donnait la chaire vous faisait prononcer ces paroles avec assez de hardiesse, et votre troupeau, qui vous en croit sur votre foi, ne demandait pas d'autre raison; mais, sur les bancs, je crois que cela ne conclurait rien, à mon avis.

Vous me demandez matière pour deux sermons que vous voulez en ma faveur travailler et prononcer en ma présence. Je vous en suis infiniment obligé; et comme j'aime à faire tendre toutes les choses extérieures à un certain but dont je tire avantage, je vous prierai de prêcher premièrement sur ce texte : « Ces paroles nous ont été données de Dieu, »a pas davantage, et d'établir la possibilité, les caractères et la vérité de la révélation; et le second sur ces paroles : « La croix de Christ est en horreur  »


a II Timothée, chap. III, v. 16.