<135>et le plat pays, et dans une huitaine d'années, ce royaume sera mieux peuplé que la Suisse et la Franconie, à cause de toute la jeunesse de huit, neuf et dix ans qu'on y trouve, et qui tire son origine depuis les établissements qu'on a faits. Les Salzbourgeois commencent à se former au génie du pays, et il est certain que ce pays, dans quelques années, sera dans une parfaite culture, et à l'abri des malheurs ordinaires. Passons à présent au mauvais. Il y a eu, cette année et la précédente, une très-mauvaise récolte. Le Roi a été obligé de fournir les blés du magasin. Il faudra y revenir cette année, sans quoi cette quantité de peuple, amenée avec tant de frais, courrait risque de mourir de faim; et le Roi ne pourra retirer ce blé que les bonnes années. La nation, jalouse de ces nouveaux établis et des nouvelles introductions, avec sa malignité ordinaire, apporte à endroit et autre tous les obstacles pour les empêcher. Les écoles sont rares, par conséquent le christianisme inconnu, et des esprits excellents et d'une grande capacité, incultes et, faute de religion et de principes, abandonnés à tous les caprices de leurs passions. Je n'ai pas le temps de vous en dire davantage, sinon de vous prier de me croire tout à vous.

Frederic.

Mes compliments à la femme.

8. AU MÊME.

Ruppin, 13 décembre 1735.



Mon cher Camas,

Je vous suis infiniment obligé des peines que vous avez prises pour m'envoyer la recrue de Kircheisen. Ce sera au prince de Schwedt à vider l'affaire avec Fenrôleur; pour moi, je ne m'en mêle pas. Me voilà de retour depuis deux jours, et je hume l'air de la liberté à grands traits. Que l'on est heureux quand l'on peut mettre à profit les jours que la Parque nous file, et ne pas perdre dans un loisir pernicieux un temps qui ne reviendra