<14>me dit que j'étais insensé et allemand de louer des choses dans le fond de mon âme, qui méritaient de l'être de l'univers entier. Je lui repartis que la beauté dont j'avais le cœur rempli n'avait besoin que de son propre mérite pour recevoir un concert d'applaudissements universels. Sur quoi elle me dit que je devais me distinguer de la multitude et exprimer mes pensées, qui paraîtraient avec plus de grâce, si elles étaient embellies de la rime. Je ne cherche, lui disais-je, aucune beauté ni agréments de mes vers que venant par réverbération de l'objet qui me les cause. Sur quoi la Muse me dit : Je sais que votre faible voix n'est pas proportionnée à la beauté de l'objet que vous voulez chanter. J'y suppléerai; mais prenez un crayon et écrivez. Je fis ce qu'elle me dit, et voici, madame, les vers qu'elle me dicta, où je n'ai rien de propre que les pensées.

STANCES.

Charmé de vos divins appas,
Et charmé de votre écriture,
L'on braverait tous les trépas
Pour vous voir, Iris, je le jure;
Car vos yeux, dont les lois soumettent tous les cœurs,
Sont partout reconnus pour maîtres et pour vainqueurs.
La vertu et ses lois austères,
Dont vous vous faites un devoir,
Vous font, quoique beauté sévère,
Respecter de notre pouvoir;
Et cette réunion si belle, mais si rare,
A vous louer toujours fait que l'on se prépare.

J'ai l'honneur d'être, madame,

Votre parfait ami et serviteur,
Frideric.