5. A LA MÊME.
(Cüstrin) 5 septembre 1731.
Madame ma très-chère cousine,
Je mériterais bien d'être puni de la manière la plus énorme d'avoir blasphémé votre présence par ma bêtise, si je n'avais d'assez bonnes excuses, et qui, je crois, sont valables, M. le comte m'ayant dit beaucoup de choses qui ne me faisaient nullement plaisir, et que je ne pouvais digérer si vite. J'ai donc bien raison de vous demander pardon, ma charmante cousine, de m'avoir conduit si sottement. Vous me permettrez de réparer ma dernière visite par une autre, où je tâcherai, s'il m'est possible, d'effacer mon sot maintien. J'aurais lieu de vous demander mille excuses, si je n'étais pleinement persuadé de votre support et de votre condescendance. Permettez-moi donc pour cette fois de finir en vous priant de faire mes compliments à madame votre mère et de croire que je suis avec beaucoup de passion et d'estime,
Madame ma très-chère cousine,
le très-humble et parfait ami, cousin et serviteur,
Frideric.
6. A LA MÊME.
Ma très-chère et digne cousine,
Comme je crois que vous êtes une de mes meilleures amies de ces cantons, je n'ai pas voulu omettre de vous communiquer un plan qui se dresse actuellement sur mon entrée à Berlin. Il est à peu près tel que j'aurai l'honneur de vous dire. Premièrement, je serai précédé d'un troupeau de cochons qui auront ordre de crier de toutes leurs forces, selon que leur instinct leur suggère. Ce troupeau sera mené par un de mes laquais respectifs, qui aura soin de leur éducation chemin faisant. Ensuite de quoi