<17>Le prince Charles a été hier ici.b L'on a peu bu, mais en revanche fait beaucoup de bruit, eassé quelques fenêtres, brisé quelques fourneaux, etc. Un petit non-plus-ultrà a arrêté mon voyage de Sonnenbourg. Je ne m'en soucie guère, espérant de mieux employer mon temps. Je ne puis toujours mieux l'employer qu'en vous assurant, ma très-chère cousine, que je suis et serai jusqu'au tombeau, avec une constante et parfaite estime,
Votre très-parfait ami, cousin et serviteur,
Frideric.
P. S. Mille excuses des fautes d'écriture; mais la raison en est que j'ai écrit au lit.
7. A MADAME DE SCHÖNING, MÈRE DE MADAME DE WREECH.
(Cüstrin, décembre 1731.)
Madame, j'ai eu le plaisir de voir madame votre fille à Berlin. Je l'ai vue, madame, mais sans pouvoir à peine lui dire bonjour et bon chemin. Cependant elle sait que vous et sa fille se portent bien. Elle se distinguait par-dessus toutes les dames qui formaient la cour, et quoiqu'il y eût une foule de princesses qui la surpassaient en magnificence, je vous assure quelle effaçait tout cela par sa beauté, son air majestueux, son port, et enfin par toutes ses manières. J'étais alors un vrai Tantale, toujours tenté de parler à une si divine personne, et néanmoins toujours obligé de me taire. Enfin sa beauté a triomphé de toutes celles qui s'étaient assemblées du nord et de l'ouest; et tous ceux de la cour, d'une voix unanime, ont avoué que madame de Wreech emportait le prix de la beauté, de l'air, des manières, etc. Je crois que tout ceci vous doit flatter agréablement, parce que cette aimable
b Le 19 septembre 1731, le margrave Charles, nouvellement installé grand commandeur de Malte, passa par Cüstrin en se rendant à Sonnenbourg, où il allait faire une promotion de chevaliers.