<19>SONNET.
Ce portrait, ma cousine, est mon ambassadeur,
Et ce sonnet lui sert de timide interprète;
Car il devrait te dire, ainsi qu'à mon vainqueur,
Que je suis un de ceux dont tu fis la conquête,
Que tes charmes divins m'ont enlevé le cœur.
Que serait-ce pourtant, quelle joie, quelle fête,
Si, comme ma copie, j'eus le parfait bonheur ....
Mais halte-là, ma plume, il faut que je t'arrête.
Si tu en disais trop, sans voir ton créditif,
Tu serais renvoyé errant et fugitif.
Laisse donc deviner ce que tu n'oses dire,
Et garde-toi surtout de ne parler d'amour,
De dire que tu aimes et aimeras toujours;
Mais, puisqu'il faut mourir, meurs, celant ton martyre.