1. AU COMTE DE SCHAUMBOURG-LIPPE.
Milan,a 26 juillet 1738.
Mon cher comte,
J'ai reçu avec bien du plaisir la lettre par laquelle vous me donnez avis des démarches que vous avez faites en conséquence de ce que je vous avais prié à Minden.b Je n'ai jamais douté qu'un galant homme comme vous manquât une occasion pour obliger ceux dont il s'est acquis l'estime, et c'est en qualité de votre ami et de votre confrère futur que je vous remercie de toutes les peines que je vous ai données. J'espère que vous ne vous repentirez point de ma réception; il dépendra de votre prudence de me nommer ou non aux députés de votre confrérie. Quant au temps, je crois pouvoir vous le dire positivement, le Roi ayant résolu d'être vers le 10 du mois prochain à Salzthal; la foire procurera un prétexte plausible aux étrangers quelconques de s'y rendre. J'aurai une double satisfaction, puisque je pourrai profiter de votre agréable compagnie, et vous posséder plus à ma propice qu'à Minden.
La Reine m'a écrit; elle confirme et ratifie tous les compliments que j'avais hasardés de sa part à madame votre mère;
a Frédéric a probablement voulu écrire Moyland. Le nom de ce château royal, voisin de Clèves, est de même mal imprimé par les divers éditeurs (Milan, Mailan et Mailland) dans la lettre de Frédéric à Voltaire, du 24 octobre 1766.
b Il se peut que l'entrevue de Frédéric avec le comte de la Lippe ail eu lieu à Minden le 17 ou le 18 juillet; car, le 19, Frédéric continua sa route jusqu'à Wésel, et ce même jour le comte écrivit, de Stadtbagen, au baron d'Albedyll, à Hanovre, de tout disposer pour ia réception du Prince royal dans l'ordre des francs-maçons, qui devait avoir lieu à Brunswic, dans la nuit du 14 au 15 août 1738. Voyez Beschreibung der Säkular-Feier der Aufnahme Friedrichs des Grossen, Königs von Preussen, in den Freimaurer-Bund. Berlin, 1838, p. 99 et suiv., où cependant il est parlé de l'entrevue de Minden comme ayant eu lieu à Loo.