<215>sance. On voit des campagnes, des sièges, des combats en perspective, et l'imagination, échauffée sur ces objets, vous peint des victoires, des trophées et des lauriers. Je souhaite que nous puissions partager un jour cette gloire et ces lauriers si difficiles à gagner; je le souhaite de tout mon cœur; il me semblera même qu'ils me seront plus précieux, si c'est en si bonne compagnie qu'on pourra les cueillir.
Je suis avec une très-parfaite estime,
Mon cher comte,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.
13. AU MÊME.
Remusberg, 26 septembre 1739.
Mon cher comte,
J'ai couru le mondea d'une manière peu philosophique depuis quelques mois. Je ne regretterais point les fatigues, quoique assez violentes, de ce voyage, mais je regrette la correspondance de mes amis négligée, et mon étude interrompue. Vous me faites grand plaisir, mon cher comte, de me fournir l'occasion de continuer notre correspondance; votre modestie seule peut vous faire soupçonner qu'elle m'importune. Je vous prie de vous en désabuser, et d'être très-persuadé que tout ce qui me vient de vous me fait un plaisir infini. Vous savez d'ailleurs réchauffer la froideur d'une correspondance par mille choses que la plupart des personnes de naissance ignorent; vous fournissez toujours nouvelle matière, de sorte que l'embarras ne se trouve que de mon côté. Je me flatte cependant que c'est une amitié réciproque qui est le fondement de notre correspondance, et lorsque le cœur y est intéressé, l'esprit n'est jamais à sec; on trouve mille choses à dire, et l'on en supprime encore mille autres pour ne point être trop prolixe.
a Frédéric fait ici allusion à son voyage en Lithuanie.