<218>Adieu, mon cher comte; continuez-moi votre amitié; c'est la meilleure étrenne que vous me puissiez faire, car l'estime d'un honnête homme m'est plus précieuse que les applaudissements de mille sots.
Je suis avec une véritable estime,
Mon cher comte,
Votre fidèlement affectionné ami,
Federic.
16. AU MÊME.
Berlin, 28 février 1740.
Mon cher comte,
Kalneinb m'a très-bien rendu votre lettre, et il m'a assuré que votre santé était bonne, ce qui m'a beaucoup réjoui. Le Roi n'a point vu le colosse que vous lui avez envoyé, car il se trouve encore toujours incommodé, et le géant est resté à Potsdam.
Je ne sais si nous pouvons encore nous flatter de vous voir ici la revue prochaine. Savez-vous bien, mon cher comte, qu'il y aura bientôt deux ans que je ne vous ai vu? Ce terme me paraît fort long; je ne sais si vous pensez de même. Toutefois il est certain que deux années, eu égard à la brièveté de la vie humaine, est autant que des siècles entiers le sont pour l'existence du monde.
Le froid excessif, joint aux inquiétudes continuelles dans lesquelles on se trouve, avaient fort altéré ma santé; je me suis cependant remis tant bien que mal, quoique ma santé n'est pas encore bien affermie. Je vous informe de ces bagatelles, puisque je ne puis vous parler que de pareils riens sur ce qui me regarde. La part que vous y prenez vous fera passer au-dessus de ce que de pareilles nouvelles ont de frivole.
b Charles-Erhard de Kalnein, lieutenant-colonel d'infanterie.