<246>sion de cœur avec laquelle vous avez bien voulu m'écrire depuis votre avénement à la couronne? Les rois ne se piquent pas, d'ordinaire, d'avoir des amis, et il est rare qu'ils en aient de véritables. L'intervalle qu'ils mettent entre eux et le reste des hommes est trop grand pour donner lieu à l'amitié, laquelle en effet suppose une sorte d'égalité. V. M. n'en use pas ainsi. Elle descend du trône jusqu'à son serviteur, et par là trouve le moyen de le mettre de niveau avec elle pour en faire son ami. Oui, Sire, je le serai toute ma vie. Mais c'est trop peu pour moi : que me reste-t-il encore de temps à vivre? Je souhaite l'être pendant toute l'éternité; cet unique vœu dit beaucoup de choses. Je suis avec des sentiments que je ne puis exprimer avec assez de force et d'énergie,
Sire,
de Votre Majesté
etc.
17. THIERIOT A ROLLIN.
Paris, 23 octobre 1740.
Monseigneur
J'ai reçu des ordres de Sa Majesté le roi de Prusse de vous témoigner qu'il ne lui a pas été possible de vous écrire. Nous avons le chagrin de savoir que ce monarque est attaqué d'une fièvre quarte qui, à ce que je crois, tend cependant à sa fin. S. M. m'ordonne de vous aller faire des compliments de sa part, et de vous remercier des deux volumes in-quarto que je lui avais envoyés de la vôtre. On m'a appris votre retour à Paris pour la fin de ce mois, et que vous alliez de là à Colombe, où je compte aller remplir les ordres de S. M, et présenter mes très-humbles respects à M. le maréchal d'Asfeld et à M. son frère.
Je suis avec beaucoup d'attachement et une singulière vénération,
Monseigneur
Votre, etc.