<272>si je devais renoncer pour toujours à cette douce espérance, le seul soutien de ma faible vie.

Je suis, monseigneur, et serai jusqu'au tombeau, avec les sentiments du plus profond respect et du plus entier dévouement, etc.

21. A M. DE SUHM.

Berlin, 3 juillet 1736.



Mon cher Diaphane,

Je n'ai reçu qu'hier les deux paquets que vous m'avez fait le plaisir de m'envoyer. Je vous en remercie de tout mon cœur, en vous assurant que je ne lis aucun cahier de votre ouvrage sans me ressouvenir en même temps à quels devoirs la reconnaissance m'engage. J'avais déjà corrigé la faute qui se trouve dans le paragraphe 282, en substituant, comme vous me le marquez, au mot entendement celui d'imagination.

Enfin, mon cher Suhm, l'on peut professer la philosophie à tête levée et sans plus craindre les foudres du pédagogue, ni le fantôme de l'irréligion. La raison reprend l'empire qui lui est dû, et l'erreur s'en ira chercher son refuge dans les cerveaux étroits de quelques génies faibles, et dans le giron de la superstition.

J'en viens à la dernière lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire; mais qu'en puis-je dire, sinon que l'amitié aveugle que vous avez pour moi vous fait estimer un chétif mortel au delà de son prix? Les couleurs flatteuses avec lesquelles vous me peignez me masquent si avantageusement, que je ne me reconnais plus. Enfin vous prêtez l'attribut de la perfection à un être qui en est bien éloigné, et qui remarque, par tout ce qui lui est connu de lui-même, qu'il est marqué au coin de l'humanité aussi bien que le dernier galérien. Je passe à l'endroit de votre lettre qui m'est le plus flatteur, et où, pour ainsi dire, vous me donnez une hypothèque sur votre personne. Quelle acquisition pourrais-je faire au monde qui me fut plus agréable? Que l'on m'offre