<278>autre qu'un caprice arbitraire mêlé d'une opiniâtreté contradictoire. Passez-moi ces termes, je vous en conjure, au cas que vous trouviez que j'en dise trop. Quant à la traduction des autres ouvrages de notre philosophe, j'ai la satisfaction de vous apprendre que sa Logique est actuellement sous presse, et que l'on va commencer à traduire sa Morale. Pour la Métaphysique, on en trouve la traduction si bonne, si correcte et si précise, que l'on jugerait superflu d'essayer d'en faire une autre, puisque l'on s'exposerait ou à devenir plagiaire de votre traduction, ou bien à en faire une autre beaucoup moins parfaite et moins exacte. Voilà le rapport que je vous fais de l'état où se trouve chez nous la république des lettres. Quant au mien en particulier, j'en suis peu content, étant séparé de vous. Il me semble que je ne saurais me passer de mon cher Diaphane. Quel ravissement sera le mien quand je vous reverrai, et que de vive voix je pourrai vous réitérer les protestations de la véritable estime avec laquelle je suis,
Mon cher Diaphane,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.
25. DE M. DE SUHM.
Dresde, 18 août 1736.
Monseigneur
Je viens de recevoir avec autant de joie que de respect la lettre dont il vous a plu de m'honorer du camp de Wehlau, et qui, par un malentendu, a fait plusieurs détours avant que de me parvenir. Je ne suis du tout point surpris, monseigneur, d'apprendre que les occupations militaires ne vous ont pas fait perdre de vue notre philosophe, sachant bien qu'un génie aussi grand, aussi heureux et surtout aussi actif que celui de V. A. R. sait trouver du temps pour tout. Oui, qu'il me soit permis, mon-