<291>pices que l'on nomme les abus. Il y a excès de sagesse et excès de folie; le ridicule en est à peu près égal, et, pour éviter les Petites-Maisons, l'on doit être soigneux à éviter également ces deux extrêmes, mêlant le badin au sérieux, et les plaisirs à l'austérité.

Pour vous, qui êtes à une cour brillante où règne le bon goût, vous n'avez pas besoin des antidotes que nous prenons ici; et la seule chose que je crois devoir vous recommander, c'est de prendre patience, et de lire le chapitre de Sénèque sur le mépris des richesses. Je souhaiterais pouvoir vous donner des consolations plus réelles que celles que l'on trouve dans les livres, et que les effets pussent seconder ma bonne volonté comme je le désirerais, étant bien sincèrement et avec toute l'estime imaginable,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.

33. DE M. DE SUHM.

Dresde, 24 octobre 1736.



Monseigneur

Quelques embarras domestiques m'ayant mis, bien malgré moi, dans la fâcheuse nécessité d'interrompre ma traduction, j'ai eu, pour comble de déplaisir, le chagrin d'apprendre à mon retour en ville, par une lettre de Berlin, que deux de mes paquets ont été retardés, sans que j'en puisse encore deviner la cause. J'ai aussitôt pris toutes les mesures nécessaires pour en être informé au plus tôt, afin de pouvoir remédier pour la suite à cet inconvénient. Je me flatte, monseigneur, que vous ne prendrez point en mauvaise part ces petites irrégularités qu'il n'a pas dépendu de moi de prévenir, et que vous voudrez bien être persuadé, au contraire, que rien au monde ne me tient tant à cœur que d'exécuter avec tout le zèle et toute la promptitude possibles les ordres dont il plaît à V. A. R. de m'honorer.