<390>préparez tout pour ne point laisser languir l'amitié que j'ai pour vous. Nous sommes ici sûrs du crinoménon; il ne s'agit à présent que du critérion.a Peu de temps nous mettra au fait, et vous pouvez toujours prendre vos mesures, quitte à différer leur exécution de quelques semaines.
Vous pouvez bien juger que je suis assez tracassé dans la situation où je me trouve. On me laisse peu de repos, mais l'intérieur est tranquille, et je puis vous assurer que je n'ai jamais été plus philosophe qu'en cette occasion-ci. Je regarde avec des yeux d'indifférence tout ce qui m'attend, sans désirer la fortune ni la craindre, plein de compassion pour ceux qui souffrent, d'estime pour les honnêtes gens, et de tendresse pour mes amis. Vous que je compte au nombre de ces derniers, vous voudrez bien vous persuader de plus en plus que vous trouverez en moi tout ce qu'Oreste trouva jamais dans Pylade, et que personne ne saurait avoir plus d'estime et d'amitié pour vous que
Votre fidèle
Federic.
99. DE M. DE SUHM.
Pétersbourg, 21 mai 1740.
Monseigneur
La gracieuse lettre dont il a plu à Votre Altesse Royale de m'honorer le 13 du mois passé serait venue mettre le comble à mon respectueux attachement et à mon admiration pour elle, si l'un et l'autre eussent encore été susceptibles de quelque accroissement. O grand homme! ô digne et vertueux prince! si vous n'étiez point au-dessus de toutes les louanges humaines, je ne quitterais point ce papier avant que d'avoir fait votre éloge, car mon cœur brûle de vous louer. Quoi! l'éclat d'un trône, loin d'éblouir vos yeux, ne fait qu'exalter votre vertu et affermir votre philosophie! Quoi! l'attente prochaine d'une couronne, loin d'enfler ou
a Voyez ci-dessus, p. 17 et 168.