<83>à le quitter, et je souhaite beaucoup de lui voir recouvrer sa première santé. Pour Degenfeld,a il devient importun et insupportable avec ses histoires. Je me mettrais dans une jolie situation en entamant une correspondance de ce côté-là, et je crois qu'il a la berlue de faire de pareilles propositions.
Je connais le mérite de la chambre rouge, et cette nuée de tabac qui compose la moyenne région d'air de la chambre. C'est pourtant un sénat où souvent se décide le sort et le destin de nous autres. Le sénat des Romains fut pris, à l'arrivée des barbares qui prirent Rome, pour une assemblée de dieux, à cause du silence, de la gravité et de l'air respectable des sénateurs; mais celui de Berlin, au lieu de le comparer à des dieux, pourrait déchoir jusqu'au cabaret. Enfin n'importe; pourvu qu'aucune langue armée de fiel et d'amertume n'y exerce sa volubilité sur mon chapitre, et que les atomes de leur malice ne m'attaquent pas jusqu'au fond de ma retraite, je leur donne carte blanche de faire quel bruit qu'il leur plaira. Je crains le départ de la poste, et pour que celle-ci soit rendue plus tôt que les précédentes, j'aime mieux finir ici, vous priant, mon très-cher ami, de me conserver toujours votre amitié, qui m'est précieuse, et de faire fond sur l'estime et l'attachement avec lequel je serai jusqu'à ma mort, etc.
Frederic.
36. AU MÊME.
Ruppin, 23 mars 1733.
Monseigneur mon très-cher ami,
J'ai reçu avec bien du plaisir celle que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire, et je ne saurais assez vous dire, mon très-cher ami, jusqu'à quel point vos lettres me réjouissent. Le baptême de M. Crochet est certainement particulier, car c'est le premier, à ce que je crois, qui s'est fait sans marraines, et, si cet enfant s'était
a C'est probablement du lieutenant-général Christophe-Martin comte de Degenfeld-Schonberg que Frédéric parle ici et ci-dessus, p. 71.