1. A MADAME DE WREECH.
Madame, je vous ai trop d'obligations pour ne vous en pas témoigner ma reconnaissance. Vous êtes la cause que tout le monde ne parle que de Tamsel; vous pouvez bien croire que ce n'est pas tant par rapport à l'endroit que par rapport à l'aimable hôte et à l'incomparable hôtesse de ce lieu. S'il dépendait de moi, plus vite que ces lignes je me rendrais en personne chez vous, et je vous marquerais, madame, le plaisir que j'ai à vous rendre mes devoirs. Au premier jour, je me laisserai pourtant vaincre par ce penchant, et comme vous avez eu la bonté de me le permettre, je puis le faire impunément. Je crois que je volerai plutôt par ce chemin que je ne marcherai; l'impatience, le désir d'arriver, la joie que l'on se promet, et, plus que tout, la satisfaction de voir des personnes qui vous sont chères, encouragent en pareille occasion; on surmonte les plus terribles montagnes, dont Natzmer dit que l'on s'y peut casser le cou comme une vieille femme. Mais gare alors : vous savez, madame, que l'homme est un animal de coutume, et comme je suis de ce genre, je m'accoutumerai si bien chez vous, qu'il faudra me chasser comme les chiens de l'église.
Mes compliments, s'il vous plaît, à M. votre époux. Si les oreilles ne vous cornent pas à tous les deux, il faut que vous ayez perdu l'organe de l'ouïe, car les verres carillonneront ce midi à vos santés que ce sera une bénédiction. Voilà tout ce que nous pouvons faire pour votre service. Ce n'est pas grand' chose, à la vérité; mais d'un mauvais payeur il faut prendre ce que l'on peut, et il faut regarder au cœur. Pour le mien, je vous en réponds; il est rempli de beaucoup de bonnes intentions, accompagnées de beaucoup d'impuissance. A propos du cœur, il faut se souvenir de sa promesse; je me ressouviens, madame, de la mienne, et je n'attends que vos ordres pour la mettre en exécu-