AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
La Correspondance est une des parties les plus importantes des œuvres littéraires de Frédéric le Grand. Elle fait connaître à fond tout son caractère et tous les trésors de son esprit; et l'histoire, ainsi que le génie de la civilisation du dix-huitième siècle, se reflète, dans cet échange de pensées si animé, sous les formes les plus piquantes et les plus variées. Aussi croyons-nous que cette correspondance conservera dans tous les temps sur le reste des écrits de Frédéric la supériorité marquée que les lettres de Voltaire ont sur ses romans, ses tragédies et ses ouvrages historiques. C'est dire que le lecteur cultivé y reviendra toujours avec un nouveau plaisir.
Cependant les correspondances de Frédéric diffèrent beaucoup entre elles. Les unes ont un intérêt plutôt psychologique qu'historique; telles sont, par exemple, les lettres de sa jeunesse à Camas, à Jordan, à Duhan de Jandun et à Suhm, dans lesquelles les sentiments les plus intimes, les peines, les plaisirs, en un mot, tout ce qui agite son âme est exprimé sans réserve, et dans le langage le plus naturel. Dans ses correspondances avec d'autres amis, tels que Voltaire et d'Alembert, Frédéric s'occupe plutôt de littérature, de questions scientifiques difficiles, et des principes qui régissent la vie de l'individu et la société, attaquant parfois les thèses opposées ou défendant les siennes avec toute la ténacité d'une conviction prononcée. C'est à cette dernière catégorie de lettres qu'il a consacré le plus de soin; il les