<X>faisait même transcrire, pour en conserver soit les autographes, soit les copies. Les rares qualités de son cœur et de son esprit se présentent encore sous d'autres aspects dans ses lettres familières à Algarotti, à d'Argens, à la duchesse Louise de Saxe-Gotha, à l'électrice Antonie de Saxe, à Fouqué et à Hoditz; on aime à y trouver les témoignages éclatants et délicats de son goût pour les plaisirs que lui procurait la société de ses anus, ainsi que l'expression de la reconnaissance qu'il éprouvait pour eux. Ses lettres à sa mère, à ses frères et à ses sœurs, à la margrave de Baireuth surtout, montrent toute la tendresse filiale et fraternelle dont son cœur était plein. Enfin il n'est aucune de ses correspondances, quelque peu étendue qu'elle soit, qui ne fasse connaître de plus en plus son caractère vraiment antique, royal et aimable à la fois.
Nous nous félicitons donc doublement de pouvoir donner de la Correspondance du Roi une édition qui surpasse toutes celles qui ont paru jusqu'ici, soit par le nombre des lettres, soit par leur valeur intrinsèque. Malheureusement nous avons à déplorer la perte de beaucoup de manuscrits originaux fort importants, tels que ceux des lettres à Voltaire, par exemple, de sorte que nous nous voyons souvent forcé d'accorder notre confiance à des recueils imprimés antérieurement, et de laisser dans le nôtre plus d'une lacune présumée. A ce malheur se joint un inconvénient qui n'échappera pas aux connaisseurs : c'est que ces anciennes impressions portent les traces de changements plus ou moins arbitraires que les éditeurs ont cru devoir y apporter. Les lettres que nous publions pour la première fois, au contraire, n'ont subi de notre part que d'insignifiantes corrections relatives à l'orthographe et aux lois les plus élémentaires de la grammaire, conformément au principe énoncé dans la Préface de l'Éditeur, en tête de cette édition. Il est évident que cette différence est toute à notre avantage.
Nous n'imprimons ici que les lettres écrites par le Roi à ses connaissances, à ses amis et à ses parents, ainsi que la correspondance qu'on pourrait appeler scientifique, avec Voltaire, d'Alembert et quelques autres personnes. Nous avons dû laisser de côte les lettres officielles et les lettres d'affaires, parce que nous n'avons à nous occuper que de Frédéric considéré comme individu et comme écrivain. Sa correspondance militaire, diplomatique, politique et administrative, le miroir le plus fidèle, il est vrai, du grand capitaine, du sou-