<123>On dit que la troupe ennemie,
Les blés cueillis, avancera vers nous.
Que la vôtre, très-aguerrie,
Languit après le rendez-vous,
Rendez-vous marqué par la gloire
Pour faire éclater leur valeur.
Dans tout le monde très-notoire
Par le dernier combat vainqueur.
Pour moi, Sire, je vous supplie
De m'accorder la liberté
De pouvoir assurer ma vie
A Breslau, lieu de sûreté.
(Permettez que l'on félicite
Votre invincible Majesté
De l'heureuse réussite
Qu'on ait ce lieu par ruse emporté,a
Ce fait, très-brillant pour l'histoire,
Fera bouquer vos ennemis;
Neipperg ne voudra pas le croire,
Wallisb en sera peu surpris.)
Là j'entendrai la renommée
Chanter vos exploits éclatants;
Mais si je marche avec l'armée,
La frayeur me prive des sens.
Ce n'est là que trop ma faiblesse
De ne rien voir ni rien ouïr;
Pour peu que je sois en détresse,
Je rassemble mes sens pour fuir.
Quoi! direz-vous, n'avez-vous donc honte
De vouloir passer pour poltron?
A cela ma réponse est prompte :
J'imite Horace et Cicéron.
Quoi! faut-il exposer les restes de ma vie,
Et risquer de me voir prisonnier malheureux?
Je ne vis que pour être heureux
En servant le héros qui tient la Silésie.


a Le 10 août 1741. Voyez t. II, p. 92 et 93.

b Voyez t. II, p. 76 et 77.