<143>Le puissant, mais sot dieu d'amour,
Qui loge aux yeux de Célimène,
Ne s'est logé chez moi qu'une seule semaine;
Encore est-ce un trop long séjour.
Je ne lui donnais que du grec et du latin à lire; et je lui ai prouvé, par de bons arguments pris de la plus fine métaphysique, qu'il devait s'en aller au diable. Je n'ambitionne pas ses faveurs; j'aimerais mieux celles du dieu des vers pour répondre à cent quarante-deux, marqués au bon coin, qui partent d'une main
Qui fait frémir par son tonnerre
Tous ses orgueilleux ennemis,
Et qui va donner à la terre
La paix que vous avez promis.
Si ce dieu m'était favorable, je ne serais pas aussi embarrassé que je le suis à présent.
Quoi! cent quarante vers auxquels il faut répondre!
C'est m'imposer un fardeau trop pesant.
Mon Pégase est rétif, il trotte en haletant;
Un travail aussi fort ne peut que le morfondre.
Quand je suis monté sur ce poétique animal, il me semble voir Don Quichotte monté sur sa Rossinante.
J'admire la politesse de V. M., qui me nomme le transfuge de la pédanterie. Plût à Dieu que cela fût! C'est un écueil contre lequel tous les gens de lettres vont se heurter. C'est une maladie de l'esprit dont je ne me crois pas exempt. Ma fine galanterie est un être de raison.
Jordan est fait pour la galanterie
Comme l'oiseau de saint Luc pour voler,
Comme le sont vos soldats pour trembler
Devant la cohorte ennemie.
La description de la vie du soldat pendant l'automne est charmante.
Ce qui me paraît étonnant,
C'est qu'au milieu de cette bise
Vous composez à votre guise,
Et vos vers n'ont rien de glaçant