<145>moi l'espérance que j'ai toujours eue de voir l'Italie. On dit que Cataneo confirme ce bruit.
La bourgeoisie se prépare à faire des illuminations; il paraît même qu'elle a beaucoup d'empressement à se distinguer sur ce sujet.
Il est arrivé ici une aventure assez singulière. Le libraire Korn, revenu de Leipzig, veut aller rendre visite à M. Blochmann, dont toute la bourgeoisie est charmée. Au lieu d'aller chez ce premier, qu'il n'a jamais vu, il entre chez M. Vockel, conseiller saxon, qu'il croit le directeur de la ville. Les compliments faits, ce dernier lui demande des nouvelles de Leipzig. Korn, qui croit parler à M. Blochmann, lui dit qu'on était fort mécontent en Saxe, qu'on ne payait personne, qu'on y persécutait les luthériens, et mille autres choses semblables. M. Vockel ne pouvait comprendre la raison de ce discours. Enfin, cette comédie se termina au moment que le libraire demanda des choses relatives aux fonctions du directeur, et le libraire s'aperçut de sa bévue.
J'ai l'honneur d'être, etc.
93. A M. JORDAN.
Quartier général de Neunz, 25 octobre 1741.
Jordan, quand votre âme légère
Un jour aura rompu les liens
Qui la retiennent prisonnière
Dans votre corps, chez les humains.
Alors sa vertu passagère,
Changeant et d'état, et de nom,
Ira fournir la carrière
D'un tendre et paisible pigeon,
Tenant en bec branche d'olive.
Non loin de la natale rive
Vous vous pavanerez en paix;
Et si, colombe fugitive,