<166>Tu te couronneras de roses,
Dans les jardins d'Anacréon
Toutes nouvellement écloses;
Tu nous diras de belles choses,
Comme nous aurait dit Maron
Quand le vin lui portait au crâne,
Que son Apollon furieux
Lui faisait chanter la tocane
A la table des demi-dieux.
En attendant ce jour-là, quelques seaux d'eau s'écouleront encore par la Morawa; cependant il n'en sera ni moins désiré ni plus vivement senti lorsqu'il arrivera.
Nous sommes à la veille de fort grands événements. Il est impossible de les pronostiquer; mais il est sûr que nous apprendrons dans peu de ces grandes nouvelles qui changent ou fixent la face politique de l'Europe. Pense un peu au pauvre Ixion, qui travaille comme un forçat à cette grande roue, et sois persuadé que jamais fortune ni malheur, santé ni maladie, principauté ni royaume, ne me feront rien changer à l'amitié que j'ai pour toi.a Adieu.
111. DE M. JORDAN.
Berlin, 3 avril 1742.
Sire,
Je suis tout orgueilleux de l'approbation dont Votre Majesté veut bien honorer mes lettres; cela est bien propre à m'encourager.
Vous louez mes vers prosaïques,
Mais plaignez-en plutôt l'auteur,
Car il n'est versificateur
Qu'en dépit des lois poétiques.
Son sel est un sel frelaté
Qui ne sent point du tout l'Attique;
Son goût est un peu trop gothique
Pour imiter l'antiquité.
a Allusion à l'Épître aux Romains, chap. VIII, versets 38 et 39.