<188>Abandonne son vrai bonheur.
Amitié, chaste et pure flamme,
Amitié, présent que les cieux
Nous firent pour nous rendre heureux,
Régnez à jamais dans mon âme.
J'en viens à présent à notre itinéraire. Je suis avec la grande armée en Bohême. Le prince d'Anhalt va commander en Haute-Silésie; le prince Didier a quitté la Moravie, faute d'y trouver de quoi subsister. Nous resterons apparemment dans cette situation jusqu'à ce que le vert vienne, ce qui peut encore aller à deux mois. Voilà tout ce que j'avais à vous dire, en vous assurant des sentiments que j'ai pour vous. Adieu.
123. DE M. JORDAN.
Berlin, 29 avril 1742.
Sire,
Vous comparez, mais très-malignement,
Ma façon de vers ordinaire
Au cours impétueux d'un rapide torrent;
Mais convenez que l'eau n'en est pas toujours claire.
V. M. n'aura pas beaucoup de peine à en convenir, si elle veut être dans ce moment plus philosophe que poëte, et avouer que cette comparaison ne cadre qu'autant que la conclusion lui est annexée. Ce qui me console et me justifie, c'est que souvent l'eau de l'Hippocrène, quand je la puise, est fort trouble, et que je ne connais point l'art de la tirer au clair. V. M. fait, en me louant, ce qu'on fait à un perroquet auquel on donne du sucre.
Souvent par telle nourriture
On fait jaser son perroquet;
Je vous tiens lieu, par mon caquet,
D'animal de cette nature.